Les arômes de e-liquide de cigarette électronique sont régulièrement décriés. Pour certains, ils pourraient inciter les jeunes à vapoter et pire, par effet domino, à fumer. Récemment, 60 millions de consommateurs fustigeait d’ailleurs la présence d’arôme vanille dans certains e-liquides estampillé « arôme tabac ». Mais ce sont surtout les arômes gourmands qui sont les plus ciblés comme la barbe à papa, le chocolat, etc… Pourtant la cigarette électronique est interdite aux mineurs et les professionnels du secteur ne constatent pas un engouement particulier des jeunes pour ces produits. Une étude scientifique menée par des chercheurs de l’université de Pittsburgh et publiée le 7 janvier 2015 nous fournit enfin des éléments objectifs.
Les arômes de e-liquide : l’éternel bouc émissaire ?
Au moment de la rédaction de la directive européenne sur les produits du tabac qui curieusement intègre la cigarette électronique, les débats portaient déjà sur les arômes utilisés par les fabricants de e-liquide que certains jugeaient trop séduisants pour les jeunes. Beaucoup craignaient que les jeunes s’initient à la nicotine via la cigarette électronique et basculent tôt ou tard vers le tabagisme. Le Conseil des ministres visait notamment des liquides au goût barbe à papa, piña colada, energy drink… et voulait limiter drastiquement le nombre des arômes en se restreignant à des e-liquides « tabac » ou menthe.
Pour le journal 60 millions de consommateurs, les arômes constituent également un point problématique dans les e-liquides actuellement sur le marché. Ils ont en effet décelé des arômes de vanille dans des e-liquides dits « tabac » et s’inquiètent des arômes susceptibles de séduire les jeunes
Pourtant, pour plusieurs spécialistes, dont le Docteur Farsalinos, les arômes sont une opportunité pour aider les fumeurs à arrêter de fumer. C’est en tout cas ce que montre son étude parue dans le International Journal of Environmental Research and Public Health et qui repose sur une enquête en ligne sur plus de 4 600 utilisateurs.
Une étude du lien entre arômes de e-liquide et intérêt pour la e-cigarette ?
Pour identifier si les arômes de cigarette électronique ont oui ou non un impact sur le fait de vapoter, des chercheurs, majoritairement de l’Université de Pittsburgh (Shiffman, Mark Sembower, Pilliteri, Gerlach et Gitchell) on étudié un échantillon de jeunes non fumeurs et d’adultes fumeurs. L’étude intitulée the impact of flavor descriptors on nonsmoking teens’ and adult smokers’ interest in electronic cigarettes a été publiée le 7 janvier 2015 dans la revue internationale Nicotine & Tobacco Research.
Introduction : Les fumeurs qui passent complètement de la cigarette classique à la cigarette électronique sont susceptibles de réduire les risques pour leur santé, on devrait donc faire en sorte que la cigarette électronique soit attrayante pour les fumeurs adultes. Cependant, l’utilisation des e-cigarettes par des adolescents non-fumeurs créerait un risque sans bénéfice et devrait donc être évitée. Ainsi si les arômes de e-cigarettes peuvent inciter les fumeurs adultes à passer à la e-cigarette, le problème est qu’ils peuvent potentiellement attirer les jeunes non-fumeurs.
Méthode : Des adolescents non-fumeurs (n = 216, âge entre 13 et 17 ans, non fumeurs au cours des six derniers mois) et des adultes fumeurs (n = 432, âgés entre 19 et 80 ans, fumeurs depuis 3 ans et plus, ayant pu utilisé la e-cigarette) ont été recrutés à partir d’un échantillon de recherche via internet. Dans les évaluations effectuées en ligne (du 22 mai au 213 juin 2014), les participants ont indiqué leur intérêt sur une échelle de 0 à 10 pour des e-cigarettes couplées avec différents descriptifs d’arômes. Ils ont été mélangés avec des arômes similaires de crème glacée ou d’eau en bouteille pour masquer le sujet de l’étude sur les e-cigarettes et valider l’évaluation. Les modèles mixtes permettaient de distinguer les intérêts entre les adolescents, les adultes et les adultes selon leur utilisation passée de la cigarette électronique.
Résultats: L’intérêt des adolescents non-fumeurs pour les e-cigarettes a été très faible (moyenne de 0,41 ± 0,14 [SE] sur une échelle de 0 à 10). L’intérêt des fumeurs adultes (1,73 ± 0,10), bien que modeste, était significativement plus élevée globale (p <0,0001) et cela pour chaque arôme (la plupart des valeurs de p <0,0001). L’intérêt des adolescents ne varie pas en fonction du goût (p = 0,75), mais pour les adultes c’est le cas (p <0,0001). Les adultes ayant utilisé une cigarette électronique lors des 30 derniers jours étaient les plus intéressés par les e-cigarettes, et leur intérêt était le plus sensible aux arômes. Les adultes qui n’ont jamais essayé les cigarettes électroniques ont l’intérêt le plus bas pour les cigarettes électroniques, mais tout de même plus élevé que celui des adolescents non-fumeurs (p <0,0001).
Conclusion : Les arômes de cigarettes électroniques testés sont plus attrayants pour les fumeurs adultes que pour les adolescents non-fumeurs, mais l’intérêt pour les arômes est faible pour les deux groupes.
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On peut suspecter que le dénigrement des arômes et leur variation quasi infinie est sponsorisé par les vendeurs de cigalikes (Big Tobacco) ou de palliatifs de nicotine : proposer cette palette de produits n’est pas compatible avec la vente en rayon, par manque de place physique mais aussi tout simplement parce que les clients veulent prendre le temps de goûter avant d’acheter. Cela est possible seulement dans les boutiques spécialisées…