Une récente étude de l’institut de santé publique norvégien a évoqué les dangers liés au vapotage passif. Plus précisément, cette étude pointait du doigt les rejets de nicotine, « aussi élevés » que ceux de la cigarette classique. La cigarette électronique serait alors dangereuse ou nocive pour l’entourage?
Éléments de réponse.
Un pays plutôt hostile à la cigarette électronique
Tout d’abord, notons que la Norvège est un pays plutôt fermé à la cigarette électronique: toute production, importation, ou commerce de cigarettes électroniques et e-liquides nicotinés sont interdits dans le royaume viking. Néanmoins, vapoter est toléré dans le pays, si toutefois le matériel ou les e-liquides sont achetés à l’étranger.
Le contexte local n’est donc pas d’une nature très favorable à la cigarette électronique.
Pour autant, au contraire de certains états américains qui restreignent fortement ou dissuadent les fumeurs à vapoter, ce pays n’est pas forcément soumis aux influences de Big Tobacco. Car, à l’instar des autres pays scandinaves, la cigarette est mal perçue : la publicité y est interdite depuis près de 30 ans, et il est interdit de fumer dans tout lieu public, entreprise, école, bar, restaurant ou discothèque. C’est d’ailleurs un pays qui est considéré à la pointe de la lutte anti-tabac, à l’instar des autres pays scandinaves. Pour un pays comptant environ 26% de fumeurs (contre 32% en France), et 2% de vapoteurs.
L’étude (EN) a été commanditée par le gouvernement norvégien, qui cherche à mieux encadrer la cigarette électronique.
Point annexe à rappeler à ce sujet : la Norvège n’est pas un état membre de l’Union Européenne: ce pays n’a donc pas à transposer en droit local la Directive sur les Produits du Tabac.
L’étude rappelle que les connaissances sont insuffisantes pour faire une évaluation complète des risques pour la santé. Ce qui signifie nullement que la cigarette électronique est dangereuse ou nocive à long terme, ni qu’elle soit totalement neutre pour la santé.
La nicotine… facile bouc-émissaire
L’étude se concentre sur les rejets nicotinés, et rappelle que le taux de rejet entre une cigarette classique et une e-cigarette est sensiblement le même.
On le sait depuis plusieurs mois: les rejets nicotinés, aussi faibles soient-ils, à taux de nicotine équivalent, sont à peu près identiques. Comme le rappelle Jacques Le Houézec sur son blog, comparant les expositions passives à la nicotine, les taux retrouvés dans la salive et l’urine sont à près équivalents et faibles, que ce soit après inhalation de fumée de cigarettes classiques, ou de vapeur d’e-cigarettes.
SAUF QUE, faut-il le préciser, en des doses normales de consommation, la nicotine en elle-même est SEULEMENT responsable de l’addiction au produit, que ce soit dans la cigarette classique ou dans la cigarette électronique. Ce n’est pas anodin, ce n’est pas sans conséquence sur la santé, et le rôle addictif de la nicotine n’est pas à négliger. Mais aujourd’hui, dans l’état actuel des connaissances scientifiques, pour Jacques Le Houézec, il n’y a aucune preuve selon laquelle la nicotine, à dose normale, serait nocive pour l’organisme humain. Par conséquent, affirmer que les rejets nicotinés d’une e-cigarette seraient dangereux pour le système cardiovasculaire, sauf à apporter de nouvelles preuves scientifiques, c’est inexact.
En revanche, dans une cigarette, ce qui est clairement nocif et mortel, ce sont les dizaines de composants autres, tels que le goudron ou le monoxyde de carbone. Produits qu’on ne retrouve pas dans une cigarette électronique.
Pour finir, certains avanceraient que l’odeur de la nicotine dans un e-liquide pourrait inciter certains anciens fumeurs à retomber dans la dépendance à la cigarette. Mais, ce qui fait replonger, est-ce l’odeur propre à  la nicotine, ou l’odeur du tabac?
On conviendra qu’il n’est pas totalement impossible que certains e-liquides au goût de tabac puissent faire retomber dans l’addiction des anciens fumeurs de l’entourage d’un vapoteur. Mais, ce goût de tabac est à dissocier clairement de la nicotine: il est tout à fait possible d’avoir des e-liquides goût tabac très prononcé sans nicotine, tout comme il est possible d’avoir un fort taux de nicotine dans des arômes fruités. Les deux sont donc clairement à décorréler.
Or, dans cette étude norvégienne, il y a une confusion entre l’odeur de la nicotine et l’odeur du tabac.
Des risques nuls pour le système cardiovasculaire, selon le Dr Farsalinos.
Par ailleurs, comme l’a clairement démontré le Dr Farsalinos dès 2013, la vapeur d’une cigarette électronique n’affecte en aucun cas le système cardiovasculaire. Voici ce que le célèbre médecin grec avançait dans la conclusion de son étude:  « Bien que le tabagisme provoque un retard dans la relaxation myocardique chez les fumeurs, l’utilisation d’une cigarette électronique n’a pas d’effets immédiats sur les vapoteurs. […] Ce profil bénéfique à court terme des cigarettes électroniques comparées aux cigarettes traditionnelles, […] fournit la première preuve sur les effets cardiovasculaires de ce dispositif. »En confrontant cette étude norvégienne aux travaux du Docteur Farsalinos et à d’autres études récentes sur le sujet, on peut lui reprocher de confondre les risques liés à l’absorption de nicotine (activement ou passivement), à ceux liés à l’absorption du tabac, comme si nicotine équivalait nécessairement à tabac. La principale question, dès lors, étant de savoir si la confusion est entretenue sciemment, ou par méconnaissance du sujet. À chacun son avis…
En conclusion, il serait hasardeux de s’appuyer sur une telle étude qui ne se concentre que sur l’exposition à la nicotine, laquelle n’est qu’un des très nombreux éléments de la fumée du tabac. Nicotine pour laquelle la nocivité, à dose normale, n’est pas avérée.
On peut aussi s’inquiéter de la propension journalistique à reprendre une étude par le biais d’un communiqué de presse, sans réel approfondissement, et la faculté de relayer rapidement de telles informations. On peut s’inquiéter de la confusion, volontaire ou non, entre la nicotine, le tabac, et leurs effets respectifs sur l’organisme.