Vapoter peut vite devenir un plaisir.
Sur les forums consacrés à la cigarette électronique, les témoignages de vapoteurs sont nombreux : vapoter aiderait à  dépasser son addiction au tabac. Néanmoins, vapoter est devenu pour certains plus qu’un moyen d’injection de nicotine pour tenter de se sevrer du tabac: c’est devenu une passion, un art de vivre, ouvrant des nouveaux champs du possible, que ce soit en termes techniques, ou sensitifs. Même si la tendance est plutôt rassurante sur les risques à long terme, tout n’est toutefois pas sans risque, et sans remettre en cause les aspects bénéfiques de la vape, des scientifiques mettent souvent en garde contre certaines pratiques, qui ne seraient pas totalement sûres.
Ne pas oublier le mot « électronique »
Tout d’abord, il ne faut pas oublier que dans la cigarette électronique, il y a électronique.
Pour le novice, et pour les kits d’e-cigarettes achetés, les risques liés à l’électronique sont très limités, pour ne pas dire nuls. Car le matériel acheté en kit est conforme, et chaque élément est compatible les uns aux autres.
Le risque s’accroît, en revanche, lorsqu’on se met à utiliser du matériel dit reconstructible. Techniquement, une cigarette électronique est un dispositif relativement simple, et monter soi-même une e-cigarette en pièces détachées peut sembler aisé, dès lors que l’on a l’habitude de manier ce genre de matériel. En apparence, seulement…
Les avantages sont la personnalisation de la cigarette électronique, qui peut dès lors devenir un objet de mode, et  être personnalisée à l’infini.
Mais ceci n’est pas sans risque aucun.
Tout d’abord, il y a des notions d’électronique à maîtriser, afin de s’assurer de la compatibilité du matériel, notamment sur les mods méca. Elles ne sont pas complexes, on peut les trouver facilement sur Internet, mais c’est au vendeur de l’indiquer et de conseiller. Transgresser les valeurs électroniques minimales et maximales conseillées et mentionnées, c’est TOUJOURS aux risques et périls de l’utilisateur. Il y a ensuite une certaine technique à maîtriser, dans la conception des coils (bobines avec du fil résistif). Ce n’est pas d’une difficulté extrême; souvent, les forums sont de bon conseil, mais il faut tout de même ne pas faire n’importe quoi, et avoir du matériel adapté à l’usage que l’on veut en faire.
Au-delà de ce tableau, d’autres recommandations sont émises, d’avantage d’ordre médical, par des médecins ou des scientifiques, qui alertent, non pas sur les dangers de la cigarette électronique dans son usage courant, mais plutôt sur certaines pratiques qui ne peuvent être considérées comme totalement sans risque.
Recommandations médicales et scientifiques
Nous éluderons rapidement les études comme celle concernant le formaldéhyde, en janvier 2015, qui évoquait des conditions de vape irréalistes pour arriver à des résultats effarants et, en effet, inquiétants à première vue. Avant d’être rapidement démontés par tous les scientifiques spécialistes de la vape.
Mais démonter les études à la méthodologie biaisée, bien que nécessaire, ne fait pas progresser la recherche sanitaire au sujet de l’e-cigarette…
Ainsi, le Dr Farsalinos, pointure mondiale dans le domaine de la recherche médicale des e-cigarettes, vient de mettre en garde très récemment contre certaines techniques, comme celle du dry burn.
Pour les non-experts, le dry burn consiste à faire chauffer à blanc les résistances. C’est un processus assez usuel pour les modeurs (utilisateurs de cigarettes électroniques ‘modifiées’, plus originales), dans lequel on prépare la résistance, et où, ensuite, on chauffe en augmentant la puissance jusqu’à ce que la résistance dépourvue de mèche ou de liquide, devienne rouge. Ceci pour vérifier l’homogénéité de la chauffe sur la résistance, éviter des points chauds, et nettoyer le métal des résidus dus à une utilisation précédente.
Selon le Dr Farsalinos, cette pratique serait à risques.
Voici la vidéo d’une interview (en anglais) que le cardiologue grec a donné à une webradio anglaise, RY4.
Tout en affirmant régulièrement que vapoter demeure bien plus sain que fumer, ce genre de mise en garde ne devrait décourager aucun fumeur à passer à la cigarette électronique (aussi car cela ne s’adresse qu’à un public expert de la cigarette électronique, représentant une minorité dans l’ensemble de la communauté des vapoteurs), voici une traduction d’un article des professeurs Farsalinos et Carvalho (docteur portugais en science des matériaux).
Il y a eu beaucoup de discussions à propos de ma déclaration au cours de l’interview à la radio de RY4 le vendredi 22 mai concernant le dry burn (chauffe à blanc des résistances). C’est un processus dans lequel les vapoteurs préparent la résistance et ensuite appliquent beaucoup de puissance à la résistance nue (sans mèche ou liquide), pour chauffer jusqu’au rouge éclatant. Les principaux objectifs de cette opération sont de:
a) Vérifier la répartition homogène de la température sur toute la longueur de la résistance;
b) Eviter les points chauds;
c) Nettoyer le métal des résidus dus à la fabrication ou à cause de l’utilisation précédente.Pendant mon interview, j’ai mentionné que ce n’était pas une bonne idée de faire chauffer la résistance à vide, pas même une fois. Depuis, j’ai reçu beaucoup de réponses, d’emails et de demandes de vapoteurs pour que j’éclaircisse ce point, que je fournisse des preuves et que j’explique les questions relatives à ce processus. J’ai également reçu des fiches de données et les spécifications des métaux utilisés pour les résistances, et démontrant qu’elles sont stables à des températures extrêmes (généralement 1000 °C ou plus).
Tout d’abord, je dois dire que les réactions de la communauté sont un peu exagérées. Je n’ai jamais dit que chauffer la résistance à vide rend la vape plus nocive que de fumer. Évidemment, certains vapoteurs qui sont habitués à le pratiquer depuis longtemps n’ont pas aimé ma déclaration. Mais vraiment, pensez bien que mon rôle n’est pas de dire ce que tout le monde attend, mais de dire comment sont les choses. Pour mieux expliquer ma déclaration, j’ai invité Pedro Carvalho un expert en sciences des matériaux avec une bonne expérience sur la structure métallique, la composition et la dégradation. Pedro a également une connaissance approfondie des e-cigarettes et est bien connu chez les vapoteurs portugais, et à l’étranger. Cette déclaration a été préparée conjointement par moi et Pedro Carvalho.
Les vapoteurs devraient ne pas oublier que les métaux utilisés dans les résistances ne sont pas faits pour être en contact direct avec le liquide de manière continue, pour évaporer le liquide à leur surface et d’avoir le consommateur qui inhale la vapeur directement à partir de la résistance. Ceci est une question complètement différente de ce que les spécifications de métal suggèrent. Il est bien connu que les métaux ont été détectés dans la vapeur des cigarettes électroniques. Williams et al. ont trouvé du chrome et du nickel qui venaient de la résistance en elle-même, même si la résistance n’a pas subi de dry burn. Bien que nous ayons expliqué dans notre analyse d’évaluation des risques que les niveaux trouvés ne sont pas une préoccupation importante de santé, cela ne veut pas dire que nous devrions accepter une exposition inutile.
Le principe du dry burn est de faire chauffer à des températures bien au-dessus de 700 °C (nous avons deux températures mesurées dans ces conditions). Ceci devrait avoir des effets importants sur la structure du métal et des liaisons entre les atomes du métal. Ce traitement thermique en présence d’oxygène favorise l’oxydation de la résistance, change la taille des grains des métaux ou de l’alliage, aide à la création de nouvelles liaisons entre les atomes métalliques, etc. Pour comprendre, nous devons aussi intégrer le contact continu de la résistance avec un liquide. Les liquides peuvent avoir des propriétés corrosives sur les métaux, ce qui peut en outre affecter la structure moléculaire ou l’intégrité du métal. Enfin, le vapoteur inhale la vapeur directement à partir de la résistance elle-même. Tous ces facteurs peuvent contribuer à la présence de métaux dans la vapeur. La plupart des matériaux qui sont utilisés dans les produits des e-cigarettes sont développés pour cette application. Dans ce cas précis, les fils de résistance étaient développés et utilisés comme éléments de chauffage à des températures élevées, et peuvent transporter les particules de métal et d’oxydation pour le corps humain. Ce ne sont pas des choses qui peuvent être utilisés dans la vape de la même façon.
Plusieurs études ont montré que l’oxydation du chrome peut se produire à température similaire d’un processus de dry burn. Bien que ces études montrent la formation d’un oxyde de chrome moins nocif, le Cr2O3, nous ne pouvons pas exclure la formation de chrome hexavalent. Les composés de chrome hexavalent sont utilisés de diverses manières dans l’industrie et sont souvent utilisés pour leurs propriétés anti-corrosives dans les revêtements métalliques, peintures de protection, des colorants et des pigments. Le chrome hexavalent peut également être formé lors de l’exécution «travail à chaud», comme le soudage de l’acier inoxydable, la fonte du métal chromé, ou la chauffe des briques réfractaires dans les fours. Dans ces situations, le chrome n’est pas originellement sous la forme hexavalente. De toute évidence, nous ne prévoyons pas de telles conditions réplicables au même niveau dans les e-cigarettes, mais la preuve démontre que la structure métallique peut changer, et nous pourrions retrouver des métaux dans la vapeur des e-cigarettes. En prenant en considération tous ces faits, nous croyons que cette procédure devrait être évitée si possible.
Est-ce que l’exposition aux métaux est importante via un dry burn ? Probablement pas vraiment. Voilà pourquoi nous pensons que les vapoteurs ont sur-réagi à ma déclaration sur RY4radio. Cependant, nous ne voyons pas de raison pour laquelle l’exposition aux métaux devrait être élevée en faisant quelque chose qui peut être évitée. Il peut y avoir d’autres façons de traiter les questions liées aux résistances. Nous pensons qu’il serait préférable de passer un peu de temps à faire une nouvelle résistance plutôt que le nettoyage d’une résistance en utilisant des dry burn. Si vous voulez éliminer les résidus du processus de fabrication du kanthal, vous pouvez utiliser des alcools et de l’eau pour nettoyer le fil avant de préparer la résistance. Si vous vous sentez que le montage peut entraîner des points chauds, il fera peu de différence si vous diminuez vos niveaux de puissance de quelques watts, ou passer plus de temps à préparer la résistance de manière appropriée. Évidemment, si vous voulez exploiter et utiliser tous les watts que l’appareil peut vous donner, alors vous trouverez peut-être impossible de le faire sans dry burn de la résistance. Mais alors, ne vous attendez pas à être exposé aux mêmes niveaux de substances nocives que le vapoteurs qui ne le fait pas. La situation est similaire à une autre affaire : si vous voulez consommer 15 ou 20 ml par jour en faisant du sub-ohm [utilisation à résistance faible] en inhalation pulmonaire directe, ne vous attendez pas à être exposé à des quantités similaires de produits chimiques nocifs que ceux d’une utilisation conventionnelle (ou même par inhalation directe) consommant 4 ml par jour. C’est juste du bon sens. Nous devons et nous allons effectuer des recherches afin de quantifier l’exposition (qui ne nous semble pas très élevée), mais jusque-là ce ne sera pas une mauvaise idée que d’utiliser le bon sens.
Nous confirmons notre opinion honnête que le dry burn sur les résistances ne fera pas de la vape quelque chose de similaire ou pire que fumer. C’est clair et il n’y a pas besoin de plus de réactions. Cependant, nous atteignons un point ou la vapeur des cigarettes électroniques ne doit plus seulement être comparée à de la fumée de cigarettes (ce qui est un très mauvais comparateur) mais doivent être évaluées dans des conditions absolues. Si quelque chose peut être évité, les vapoteurs doivent être conscients, pour qu’ils puissent justement l’éviter.
Pour résumer, Konstantinos Farsalinos et Pedro Carvalho mettent bel et bien en garde contre cette pratique répandue du dry burn chez les modeurs, mais se montrent quoi qu’il en soit plutôt rassurants sur les risques encourus, même si les études doivent être approfondies afin de quantifier les effets réels sur l’organisme.
Super travail on apprend la vap la plus propre possible moi je vais suivre les recommandations merci au chercheur et au personne qui informe