Dopage à la nicotine : Snus et Cigarette Electronique en ligne de mire

 

Contrôle anti-dopage

Et si la nicotine figurait sur la liste des produits dopants ?

La nicotine ne figure actuellement pas sur la liste des produits dopants. Pourtant l’Agence mondiale antidopage (AMA)  l’a ajouté à son programme de surveillance en 2012. L’objectif étant selon ses propres mots de ne pas « cibler les fumeurs, mais de surveiller les effets de la nicotine sur la performance lorsqu’elle est prise sous forme de produits du tabac comme le snus (tabac en poudre humide) ». Car voilà, le nombre de sportifs utilisant ce produit est dans d’être négligeable dans certaines disciplines et les effets sur la performance sont potentiellement réels. L’arrivée de la cigarette électronique pourrait être une tentation supplémentaire pour certains sportifs avides de résultats.

Le snus qu’est ce que c’est ?

Il s’agit tout simplement d’une alternative au tabac fumé très développée dans les pays nordiques, notamment en Suède et en Norvège. Le Snus se place derrière la lèvre supérieure. Il va diffuser de la nicotine dans l’organisme. Descendant des premières formes de tabac à chiquer et à priser, le snus est mentionné pour la première fois en 1637 dans les statistiques suédoises.

Des sachets de snus

Des sachets de snus, très prisés par les suédois

On trouve aujourd’hui, essentiellement le snus sous deux formes : le lössnus (dit snus original) et le portionssnus (snus en portion). Le premier est une poudre humide à pétrir pour obtenir un cylindre de la taille souhaité. Le second correspond à des sachets de poudre qui ressemblent à des sachets de thé. Sa facilité d’utilisation a rendu cette deuxième forme particulièrement populaire. A noter que le Snus coûte moins cher à l’usage que la cigarette classique.

D’un point de vue sanitaire, le Professeur Molimard (fondateur de la tabacologie en France) attribue les excellent résultats de la Suède en terme de taux de cancers (en particulier ceux du poumon, moitié moindre que les USA) à la diffusion du snus qui a permis de réduire considérablement le nombre de fumeurs en Suède avec un taux de seulement 16% soit le plus faible au monde.

Les potentiels effets dopants de la nicotine

Une étude récente du laboratoire antidopage de Lausanne réalisée en 2011 a été réalisée sur 2 200 échantillons de sportifs de haut niveau de 43 disciplines. 23% d’entre eux comportaient des traces de nicotine avec des niveaux de concentration correspondant à une prise du produit dans les 3 jours précédents le relevé urinaire pour 18,3% des échantillons. Même si on peut trouver ce niveau relativement faible par rapport à la prévalence de 25% dans la population totale, c’est tout de même très surprenant pour des sportifs. D’autant plus que pour certains sports les chiffres sont plus élevés. En particulier, en football américain (55%), hockey sur glace (32%), lutte (32%), bobsleigh (30%), la gymnastique (29%), le rugby (28%), le ski (26%) et le basket (25%) viennent ensuite le patinage, le football, le volley avec des taux compris entre 19 et 25%.

Ces taux sont attribués à la prise de snus par les sportifs. Certains l’utiliseraient par habitude, d’autres clairement pour améliorer leur performance. Le dopage à la nicotine serait donc loin d’être une fable. En effet, la nicotine a des effets stimulants qui augmentent le pouls et la pression artérielle auxquels s’ajoutent la libération de sucre et d’adrénaline dans le sang. Paradoxalement, elle a aussi des effets anxiolytiques qui réduisent donc le stress. Au final, les consommateurs sont à la fois plus concentrés, plus vigilants et détendus. Cela serait particulièrement utile dans les sports nécessitant des qualités de précision, de vitesse et d’orientation spatiale.

 

Raikonen et son sachet de snus

Räikkönen et son sachet de snus

Les sportifs consommant du snus auraient ainsi les effets positifs de la nicotine sans avoir les inconvénients de la fumée du tabac qui contient notamment du monoxyde de carbone qui réduit clairement les performances de par son action sur le système cardiovasculaire sans compter l’effet de la fumée de cigarette et des goudrons sur le système respiratoire. C’est notamment suite à cette étude que l’Agence mondiale antidopage (AMA)  l’a ajouté à son programme de surveillance en 2012.A noter que des sportifs connus consomment ouvertement du snus comme le pilote et champion du monde de F1 Kimi Räikkönen ou le hockeyeur Aleksandr Ovetchkine, évoluant en NHL et capitaine des Washington Capitals.

La tentation de la cigarette électronique

 

Une Cigarette Electronique Ego pour améliorer les performances et augmenter l'ego des sportifs ?

Une Cigarette Electronique Ego pour améliorer les performances et augmenter l’ego des sportifs ?

Je n’ai pas encore trouvé d’article associant cigarette électronique et dopage mais ça viendra très certainement tôt ou tard. Il est évident qu’à l’instar du snus la cigarette électronique serait une alternative intéressante pour le sportif qui souhaiterait s’administrer de la nicotine sans les problèmes de la fumée du tabac sur l’organisme (les patchs et gommes à mâcher nicotinées sont également à prendre en compte) . Bien entendu, je ne cautionne pas de telles pratiques qui  non seulement ne sont pas éthiques mais sont en plus potentiellement dangereuses. Si l’importance du dopage à la nicotine est confirmée, l’Agence mondiale antidopage devra faire un choix délicat. Introduire le tabac dans la liste des produits dopants pourrait éliminer des compétitions des participants qui fument et n’arrivent pas à se débarrasser de leur addiction. Ils auraient ainsi une double peine, non seulement de s’intoxiquer, d’avoir potentiellement des performances amoindries à cause de la fumée du tabac et d’être sanctionnés.

 

La nicotine bénéficiera-t-elle toujours d'un traitement particulier comme la caféine ?

La nicotine bénéficiera-t-elle toujours d’un traitement particulier comme la caféine ?

Or justement le message de l’AMA est clairement de ne pas cibler les fumeurs et détecter la prise de nicotine par un procédé ou un autre n’est a priori pas encore possible. Et puis pourquoi faire une différence avec quelqu’un qui fume, utilise du snus ou une cigarette électronique ? La question est finalement assez similaire avec celle de la caféine pour laquelle on avait fixé des seuils de tolérance pour notamment ne pas interdire aux sportifs de consommer de café. Cet alcaloïde (comme la nicotine) a d’ailleurs été supprimé de la liste des produits dopants en 2004. Nous saurons très certainement bientôt si le dopage à la nicotine continuera d’être toléré de la même façon.

 

Vous avez trouvé cet article instructif et vous voulez être prévenus des suivants ? Ajoutez nous dans vos cercles Google+ et devenez fan de notre page Facebook en cliquant sur les logos à gauche de l’écran.

Sylvain Filatriau

 

 

 

2 réflexions au sujet de « Dopage à la nicotine : Snus et Cigarette Electronique en ligne de mire »

  1. Je vois déjà les ligues de puritains pourfendre ces drogués à la nicotine, comme ils le font sans relâche depuis des décennies pour le tabac. Et je vois aussi le caractère positif que l’on peut attribuer à une produit présentant des qualités de performance pour les consommateurs. Nicotine : ange ou diable ? L’avenir nous le dira.
    Bravo pour ce papier et Bonne Année à tous les vapoteurs et vapoteuses.

  2. Bonjour,
    Tout d’abord, bravo pour cet article, je trouve qu’il a été très bien écrit. Il faudrait essayer de réduire la consommation de cigarette et non pas sortir des produits innovants qui pousse encore plus à la consommation. D’ailleurs, grâce aux effets de mode de la cigarette électronique, beaucoup de mineurs se présentent au tabac en essayant de s’en procurer.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


cinq − = un

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>