Qui a vraiment inventé la cigarette électronique ?

Qui a vraiment inventé la cigarette électronique ?

Qui a vraiment inventé la cigarette électronique ?

La cigarette électronique est une invention qui est en train de changer la vie de millions de fumeurs dans le monde. On attribue fréquemment son origine au chinois Hon Lik vers le début des années 2000. Pourtant l’idée n’est pas nouvelle et des brevets ont été déposés antérieurement. Qui est donc le véritable inventeur de la cigarette électronique ? Voici quelques éléments pour vous faire votre propre idée.

La première idée d’un vaporisateur électrique

En 1927, Joseph Robinson enregistre un brevet approuvé et publié par l’United Stat Patent Office en 1930 et consultable ici : 1er Brevet Cigarette Electronique ?.

Avec son brevet déposé en 1927, J.Robinson est-il l'inventeur de la cigarette électronique?

Avec son brevet déposé en 1927, J.Robinson est-il l’inventeur de la cigarette électronique?

Même si l’idée n’est pas ici de proposer une alternative aux fumeurs, la description faite à l’époque fera sourire les vapoteurs : « Mon invention concerne des dispositifs de vaporisation contenant des composants médicinaux qui sont chauffés électriquement afin de produire des vapeurs pour l »inhalation. Elle permet de fournir un dispositif pour un usage individuel qui peut être librement manipulé sans aucune possibilité de se brûler et qui est hygiénique, très efficace et si simple que n’importe qui peut l’utiliser. »

On n’est pas si loin que ça de la définition d’un vaporisateur personnel ou cigarette électronique…et puis il faut bien avouer que le croquis du brevet n’est pas très éloigné de nos cigarettes électroniques modernes. Mais le brevet ne parle à aucun moment du tabac et d’une alternative à la cigarette. Difficile donc de dire que J.Robinson a inventé la cigarette électronique.

La première alternative « Ã©lectrique » au tabac

Le brevet de cigarette électronique déposé par Herbert A. Gilbert en 1963

Le brevet de cigarette électronique déposé par Herbert A. Gilbert en 1963

Il faut attendre plus de 35 ans pour que le brevet d’un dispositif électrique alternatif au tabac soit déposé. En 1963, Herbert A. Gilbert enregistre un brevet en Pennsylvanie intitulé « une cigarette sans fumée ne contenant pas de tabac ». Le brevet est disponible ici : brevet ecigarette 1963. Même si le schéma suggère un objet très proche des premières cigarettes électroniques sorties sur le marché début 2000, le principe est légèrement différent. Dans le corps du brevet il est expliqué que l’air est chauffé et passe à travers une cartouche aromatisée (d’où au passage l’absence de vapeur). Interrogé sur un blog britannique, l’inventeur qui a aujourd’hui plus de 80 ans pense que tous les brevets actuels s’inspirent du sien. Il concède tout de même que les fumeurs accordent une grande importance à la gestuelle et à l’aspect visuel de la fumée. Or,  contrairement à nos cigarettes électroniques modernes, son modèle ne produisait pas de vapeur ayant un aspect visuel proche de celui de la cigarette classique. Si vous vous demandez pourquoi son modèle n’a pas cartonné dans les années 60, c’est tout simplement car la technologie n’était pas suffisamment avancée à l’époque mais aussi car les problèmes sanitaires de la cigarette étaient nettement moins mis en avant.

Le projet top secret de l’industrie du tabac pour des cigarettes plus saines

Dissection d’une cigarette Premier

Dissection d’une cigarette Premier

Des rumeurs disent que l’industrie du tabac aurait planché sur des systèmes proches de la cigarette électronique mais je n’ai trouvé aucune preuve matérielle. Par contre il me semble intéressant de signaler une alternative qui avait été développée dans le plus grand secret par le cigarettier R.J. Reynolds (RJR) sous le nom de projet Spa et qui a donné naissance à la cigarette Premier à la fin des années 80. Ce modèle fonctionnait avec un morceau de charbon comme source de chaleur, laquelle vaporisait un liquide. Sur le principe on n’est pas bien loin de la cigarette électronique. Ce modèle n’a pas eu le succès escompté par le fabricant qui avait investi entre 300 et 500 millions de dollars pour son développement et sa publicité. En effet, les consommateurs n’ont pas retrouvé un goût satisfaisant en l’utilisant et des associations anti-fumeurs l’ont rapidement pointé du doigt en l’accusant d’être encore plus dangereuse que les cigarettes classiques. Sur ce dernier point c’est précisément ce qui s’est passé avec l’arrivée des premières cigarettes électroniques, comme quoi l’inconnu et l’innovation sont toujours synonymes de peur et peuvent conduire à des réactions irrationnelles. Après son retrait du marché en février 1989 (à noter qu’un modèle légèrement amélioré a été introduit dans les années 90 : la cigarette Eclipse sans beaucoup plus de succès), le Wall Street journal avait même écrit à l’époque qu’il s’agissait de l’une des plus grandes catastrophes commerciales sur un de l’histoire moderne. Ce fiasco a d’ailleurs conduit RJR à réduire de 10% ses effectifs en août 1989.

Si vous doutez de la proximité de ce modèle avec la cigarette électronique, lisez plutôt ce document figurant dans les archives de RJR sur le projet Spa :

Le projet Spa de reynolds une cousine de la cigarette électroniqueVous lisez bien, les cartouches contenaient un liquide avec des composants bien connus des utilisateurs de cigarette électronique et une analyse de la toxicité très intéressante. Mais l’utilisation du charbon comme combustion n’était pas satisfaisante. Peut être que cet échec cuisant a freiné les cigarettiers dans l’investissement vers d’autres alternatives au tabac, ce qui a retardé la création de la cigarette électronique qui nécessitait une technologie encore trop chère dans les années 80.

La cigarette électronique inventée dans un rêve ?

En 2000, le pharmacien chinois et fumeur invétéré, Han Lik aurait eu l’idée de la cigarette électronique dans un rêve selon ses propres mots : «  »L’idée de la cigarette électronique m’est venue dans un rêve . J’avais de la toux et une respiration sifflante : j’imaginais que je me noyais, jusqu’à ce que soudain les eaux autour de moi se sont levées dans un brouillard « .

Mais ce n’est qu’en 2003, suite à la mort de son père par un cancer du poumon, et voulant éviter de subir le même sort que Lik a concrétisé l’idée de son rêve et a créé la première cigarette électronique.

Le premier schéma de la cigarette électronique moderne

Le premier schéma de la cigarette électronique moderne

Le premier brevet de Hon Lik a été enregistré officiellement à l’United State Patent Office en 2004. Il est consultable ici : Brevet de la cigarette électronique moderne. Il présente une « invention concernant une cigarette électronique avec atomiseur qui contient de la nicotine sans la nocivité du goudron. […] L’avantage de cette invention est de pouvoir fumer sans goudron et donc de réduire significativement les risques de cancer. De plus les utilisateurs continuent d’avoir la sensation de fumer, la cigarette n’a plus besoin d’être allumée et il n’y a plus de risque d’incendie ». Même s’il y a eu de profondes améliorations à ce premier brevet, le principe de base reste le même : un liquide est vaporisé à l’aide d’une résistance chauffée à l’aide d’une batterie.

Aujourd’hui les modèles sont tout de même plus évoluées avec la possibilité de recharger la cigarette électronique soit même avec du liquide. Par ailleurs certains éléments comme les clearomiseurs sont aujourd’hui conçus pour ne plus avoir aucune fuite ou goût désagréable de brûlé. Certains sont même démontables pour faciliter leur nettoyage, sont plus écologiques car il suffit de changer une petite pièce pour leur donner une seconde vie (voir les clearomiseurs stardust V3 ou les Aspire BDC de cigarette électronique Ego).

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Sylvain Filatriau

Une réflexion au sujet de « Qui a vraiment inventé la cigarette électronique ? »

  1. Très décu que tu oublies l’histoire de la Favor, qui a bien failli se reproduire si NJOY n’avait pas gagné son procès contre la FDA :

    A variation on the inhaler technology is the nicotine-delivering rod or « smokeless cigarette » first described by Jacobson and his co-workers (Jacobson 1979) and then markteed by Advanced Tobacco Products under the trade name Favor. it was initially marketed as a nontherapeutic cigarette substitute. The FDA decided that this nicotine vapor inhaler fell within its jurisdiction and was subject to its regulatory powers. And the FDA decided to ban Favor cf. this letter:
    http://www.health.gov.bc.ca/guildford/pdf/059/00006023.pdf

    D’une façon générale, on peut dire que toutes les tentatives pour commercialiser des produits permettant de consommer à moindre risque de la nicotine en dehors du monopole de l’industrie pharmaceutique on été condamnées. La faute à qui ?

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