Apports des études cliniques et des enquêtes sur la cigarette électronique

essai clinique

Les études sur cas cliniques sont longues et coûteuses mais efficaces pour mesurer l’impact de la cigarette électronique sur la santé

Bien que longues et très coûteuses, les études cliniques constituent la meilleure méthode pour déterminer l’impact de la cigarette électronique sur la santé. Permettant de toucher bien plus d’utilisateurs, les enquêtes se sont multipliées ces dernières années. Le risque est bien entendu un biais statistique d’auto-sélection des participants lorsque l’enquête est proposée en ligne. La combinaison des études cliniques et des enquêtes nous a permis d’en savoir plus sur les conséquences sanitaires de l’utilisation de la ecigarette. Voici une revue de littérature de toutes ces études et résultats d’enquête réalisée par les Docteurs Farsalinos et Polosa dans une très récente publication qui fait le point sur l’état de la science au sujet de la e-cigarette.

Pour approfondir votre connaissance sur la cigarette électronique, voici les différents thèmes traités à partir de références scientifiques de plus de 100 études publiés.

Introduction et méthodologie (épisode 1),
Nicotine, cigarette électronique et dépendance (épisode 2),
- Les études sur la composition chimique des produits (épisode 3),
Les études toxicologiques (épisode 4),
- Les études cliniques et les enquêtes (épisode 5 = l’article que vous êtes en train de lire),
Tabagisme et vapotage passif (épisode 6),
- Risques de la ecigarette : tabagisme des jeunes, intoxication à la nicotine, explosion (épisode 7),
- La cigarette électronique : positive pour certaines pathologies ? (épisode 8).
Synthèse et conclusion de la revue de littérature sur la ecigarette (épisode 9).

L’étude est disponible en intégralité en anglais sur ce site en téléchargement  : Safety evaluation and risk assessment of electronic cigarettes as tobacco cigarette substitutes: a systematic review.

Les essais cliniques peuvent être très instructifs, mais ils  exigent la surveillance de centaines d’utilisateurs pendant de nombreuses années pour explorer de manière adéquate le profil sécurité / risques des produits visés par l’étude. Les recherches reposant sur des enquêtes d’utilisateurs de cigarette électronique, peuvent rapidement fournir des informations sur le risque potentiel de ces produits et sont beaucoup moins chers à menées. Toutefois, les données autodéclarées, sont fortement auto-sélectionnées, à cela s’ajoute le fait qu’elles correspondent à un instant t : cela constitue les limitations les plus courantes des enquêtes. Pris ensemble, les résultats des enquêtes et des études de suivi vapoteurs ont montré que l’utilisation de la cigarette électronique est relativement sûr.

Rares sont les effets secondaires du vapotage. Concernant les cas d’irritation de la gorge rapportés : sur les forums d’utilisateurs on les associe souvent à des liquides constitués presque essentiellement de propylène glycol. Les forumeurs conseillent alors généralement de passer sur des liquides mixtes PG/VG, c’est à dire contenant également de la glycérine végétale.

Polosa et ses collègues ont suivi des fumeurs pendant 24 mois, après une période de six mois d’intervention au cours de laquelle les cigarettes électroniques ont été utilisées [Polosa et al. 2013a].  Seuls des symptômes bénins tels que des irritations de la bouche et de la gorge et une toux sèche ont été observés. Farsalinos et ses collègues ont évalués rétrospectivement un groupe de 111 utilisateurs de cigarette électronique qui avaient complètement arrêté de fumer et étaient des utilisateurs quotidiens de cigarette électronique sur une période médiane de 8 mois [Farsalinos et al. 2013b ]. L’irritation de la gorge et la toux sont les effets indésirables les plus fréquemment rapportés. Des résultats similaires ont été observés dans des enquêtes [ Dawkins et al. 2013; Etter et al. 2011]. Cependant, on s’attend à ce que ces utilisateurs qui participent aux enquêtes aient plus d’expériences positives et moins d’effets secondaires comparés à la population générale, donc l’interprétation doit être faite avec prudence.

Il n’existe que deux essais contrôlés aléatoirement qui incluent une analyse détaillée de la sûreté de la cigarette électronique. L’étude ECLAT[ Caponnetto et al. 2013b], triplement contrôlée, est un essai clinique randomisé conçu pour comparer l’efficacité et la sûreté d’un dispositif de première génération avec des cartouches de nicotine de 7,2, 5,4, ou 0 mg. Elle a rapporté cliniquement une amélioration significative de l’état de santé après seulement deux semaines d’utilisation continue de l’appareil, et aucun événement indésirable grave ( c’est à dire, dépression majeure, troubles du comportement ou de tout événement nécessitant une visite imprévue chez le médecin traitant ou une hospitalisation ) n’a eu lieu au cours de la étude. L’étude ASCEND [ Bullen et al. 2013], triplement contrôlée aléatoirement est un essai clinique visant à comparer l’ efficacité et la sûreté d’un dispositif de première génération ( avec ou sans nicotine ) avec des patchs de nicotine. Elle n’a signalé aucun évènement indésirable grave sur les trois groupes d’étude.

Peu d’études cliniques ont été réalisées pour évaluer à court terme des effets in vivo de l’utilisation de la cigarette électronique sur des fumeurs ou d’anciens fumeurs.

Quel impact de la cigarette électronique sur les poumons?

Vardavas et ses collègues ont évalué les effets aigus de l’utilisation d’une cigarette électronique pendant 5 minutes sur la fonction respiratoire [ Vardavas et al. 2012]. Bien qu’ils n’aient pas communiqué les résultats des paramètres spirométriques couramment utilisés, ils ont constaté une résistance des voies aériennes et une modification des niveaux d’oxyde nitrique dans l’air expiré. Des augmentations similaires de la résistance respiratoire ont été signalées par d’autres groupes de recherche [ Palamidas et al. 2013 ; Gennimata et al. 2012 ], qui ont aussi fait part d’un étrange élévation du niveau de monoxyde de carbone après l’utilisation de la cigarette électronique; cette conclusion a été contestée par plusieurs autres études [Farsalinos et al. 2013f ; Nides et al. 2014; Van Staden et al. 2013]. Schober et ses collègues ont trouvé que l’utilisation de la cigarette électronique avait provoqué une élévation élevée de l’oxyde nitrique exhalé [ Schober et al. 2013], en contradiction avec les conclusions de Vardavas et de ses collègues [ Vardavas et al.2012]. De façon caractéristique, aucune de ces études n’effectue d’analyses comparatives avec la situation après avoir fumé des cigarettes classiques. Flouris et ses collègues ont trouvé que seul le tabagisme a un effet négatif aiguë sur la fonction respiratoire [ Flouris et al. 2013] ; aucune différence n’a été observée après que le groupe de fumeurs ait été exposées à une utilisation active ou passive de la cigarette électronique.

La ecigarette serait nettement moins nocive pour le cœur que le tabac fumé

Deux études ont évalué les effets à court terme de la cigarette électronique sur le système cardio-vasculaire. Farsalinos et ses collègues ont évalué les effets aigus de l’utilisation de la cigarette électronique avec un liquide contenant 11mg/ml de nicotine sur l’hémodynamique et la fonction ventriculaire gauche,en comparaison avec les effets de la cigarette classique [ Farsalinos et al. 2012]. Ils ont constaté que l’utilisation de la cigarette électronique a entraîné une légère élévation de la pression artérielle diastolique tandis qu’après le tabagisme, la tension artérielle systolique et la pression artérielle diastolique ainsi que la fréquence cardiaque ont été significativement augmentées. Il est évident que cela était dû à la relativement faible teneur en nicotine de la cigarette électronique (qui est considérée comme un niveau moyen). La dysfonction diastolique a été observée chez les fumeurs après qu’ils aient fumé, ce qui est en ligne avec les conclusions des précédentes études. Cependant, aucun effet indésirable n’a été observé chez les utilisateurs de cigarette électronique après l’utilisation de la ecigarette pendant 7 minutes.

Une autre étude par le même groupe de chercheurs [ Farsalinos et al. 2013f], a évalué les effets aigus de l’utilisation de la cigarette électronique sur le débit coronarien. En particulier, ils ont mesuré la flow velocity reserve dans l’artère coronaire descendante antérieure gauche par échocardiographie après injection intraveineuse d’adénosine, représentant la capacité maximale de l’artère à fournir du sang au myocarde. Le tabagisme était associée à une baisse de la vitesse d’écoulement de réserve de 16% et une élévation de la résistance à l’écoulement de 19 %. Au contraire, aucune différence n’a été observée sur ces paramètres après l’utilisation de la cigarette électronique. Des niveaux de carboxyhémoglobine dans le sang ont également été mesurées chez les participants ; les niveaux de référence ont été significativement plus élevés chez les fumeurs par rapport aux vapoteurs. En outre ils étaient plus élevés après qu’ils aient fumés mais n’étaient pas modifiés après l’utilisation de la cigarette électronique.

Des observations similaires pour des niveaux de carboxyhémoglobine ont été observés par Van Staden et ses collègues [ Van Staden et al. 2013]. Un rapport de cas clinique d’un patient fumeur atteint de neutrophilie chronique idiopathique a été publié. Selon ce rapport [Farsalinos et Romagna, 2013], le passage du tabagisme à la cigarette électronique a conduit à un renversement de la situation après 6 mois. En outre, les taux de protéine C- réactive, qui a été systématiquement plus élevé sur les 6 dernières années, avaient diminué pour revenir à des niveaux normaux.

Un autre cas sur un patient atteint de pneumonie lipidique a été publié,  dont l’état était attribué à la glycérine contenu dans la base des liquides de cigarette électronique [McCauley et al. 2012]. Cependant, la glycérine est un l’alcool (polyol) et, par conséquent, il est impossible qu’il puisse causer une pneumonie lipidique. Des liquides à base d’huile pourraient être la cause de cet état; mais de tels liquides n’ont pas à être utilisés avec des cigarettes électroniques.

Une étude a évalué les effets aigus du tabac et de la cigarette électronique sur le nombre de globules blancs [ Flouris et al. 2012]. Fumer une cigarette classique provoque une élévation immédiate du nombre de globules blancs des cellules, des neutrophiles et des lymphocytes, ce qui indique une détresse inflammatoire aiguë. Au contraire, aucune différences n’a été observée après l’utilisation de la cigarette électronique. 

En conclusion, les études cliniques évaluant l’effet à court terme sur les maladies cardiovasculaires de l’utilisation de cigarette électronique sur un panel de variables fonctionnels respiratoires et cardiaques ont montré que, même si certains effets néfastes de la cigarette électronique sont signalés, ceux-ci sont beaucoup plus faibles par rapport au fait de fumer des cigarettes classiques. Cependant, il est difficile de donner un pronostic sur les implications de ces études, des données à plus long terme sont nécessaires pour conclure.

Ainsi l’éclairage des enquêtes est intéressant mais n’est pas suffisant. L’apport des études de cas cliniques est indéniable mais nécessite des dépenses importantes. Espérons que les pouvoirs publics qui annoncent régulièrement vouloir se battre contre le fléau du cancer et des maladies cardiovasculaires mettront l’argent sur la table. Il s’agit clairement d’un investissement sur moyen long terme pour les finances publiques.

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Sylvain Filatriau

Une réflexion au sujet de « Apports des études cliniques et des enquêtes sur la cigarette électronique »

  1. Ça fait quatre mois que j’ai remplacé la cigarette classique par la cigarette électronique sons aucun effet , est-ce que la cigarette électronique est moins danger pour ma santé ou le contraire ?

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