Mener une étude scientifique sérieuse, de l’expérimentation à la publication  peut se révéler un travail de longue haleine. Cela fait maintenant plus de deux ans que nous parlons de l’étude Clearstream Life sur notre site. Il s’agissait à l’époque ni plus ni moins de la première étude de l’impact sur la santé de la vapeur de cigarette électronique. L’étude vient enfin d’être publiée (mai 2013) dans le journal Inhalation Toxicology. Initiée et financée par le fabricant de Eliquide Flavour Art, cette étude a été menée par les Docteurs Romagna et Farsalinos sur plusieurs arômes de eliquide de la marque italienne phare. Les conclusions sont très intéressantes car d’une part les chercheurs montrent que la cigarette électronique n’est pas toxique contrairement à la cigarette classique, d’autre part des différences notables sont observées selon les arômes ce qui traduit que c’est un élément clé dans l’impact sur la santé de la cigarette électronique et qu’il faudra poursuivre de tels travaux ainsi que des contrôles.
Quand un industriel s’intéresse à ce qu’il vend
Pour rappel Flavour Art était à la base une entreprise qui fabriquait essentiellement des arômes alimentaires, secteur d’activité très réglementé. Or, il y a quelques années l’entreprise a commencé à recevoir de plus en plus de commandes de particuliers qui semblaient apprécier ses arômes. Interloqué, le responsable de Flavour Art a contacté l’un d’eux, il s’est avéré que c’était pour fabriqué du liquide pour cigarette électronique… Devant l’enthousiasme de ses clients, le responsable de Flavour Art a essayé la cigarette électronique puis a décidé de mettre en place une activité de fabrication de eliquide en parallèle de la production d’arômes alimentaires. Face à la demande de eliquide aux goûts proches du tabac, les aromaticiens ont lancé le projet Ultimate visant à atteindre au mieux cet objectif souvent jugé impossible. Ils ont procédé à des analyses spectrales des arômes du tabac qui ont permis de créer la plupart des goût de eliquide tabac commercialisés par Flavour Art aujourd’hui.
Pour en avoir discuté avec lui, en lançant le projet Clearstream, le dirigeant de la société Flavour Art cherchait avant tout à en savoir plus sur le produit qu’il commercialise. De plus, lui et plusieurs de ses salariés s’étant mis à la vapote, une certaine curiosité s’était installée sans qu’il soit possible à l’époque de disposer de la moindre étude scientifique sur le sujet pour la satisfaire. L’idée du projet de recherche Clearstream avait germé.
Une étude participative ou comment les vapoteurs ont corrigé le tir
Il est maintenant reconnu que l’industrie du tabac n’a pas hésité à incorporer des additifs dans ses produits pour accroître la dépendance des fumeurs. Dès lors, on comprend pourquoi les fumeurs sont particulièrement vigilants et sceptiques envers les industriels de tous bords. Mais sans financement d’industriel il n’y a pas d’étude, or on ne peut pas rester dans l’obscurantisme sur des produits tels que la cigarette électronique :cela sert surtout ses ennemis. Il faut donc accepter des études financées par ceux qui vivent de ces produits en faisant confiance à la déontologie des chercheurs.
Depuis le début, l‘étude Clearstream initiée par Flavour Art a été on ne peut plus transparente. J’avais déjà communiqué à l’époque sur les premiers résultats de l’étude même s’ils n’étaient pas aussi favorables que cela pour la ecigarette. Même si la vapeur de cigarette électronique apparaissait moins toxique que la fumée du tabac, l’écart n’était vraiment pas si flagrant. En dépit de la déception, Flavour Art avait rendu public ces résultats affichant sa transparence. Les choses auraient pu s’arrêter là , mais l’entreprise a reçu un grand nombre de messages d’utilisateurs qui remettaient en cause le protocole expérimental qui leur paraissait peu réaliste(position verticale de la e-cigarette, aucun contrôle du niveau du liquide dans la cartouche de ecigarette, durée d’aspiration exagérée…). C’est à ce moment là également que les Docteurs Romagna et Farsalinos ont intégré le projet Clearstream Air. L’ensemble du protocole a été remis à plat en s’appuyant notamment sur les critiques des utilisateurs. Les résultats obtenus par la suite on confirmé que la première expérimentation était hasardeuse puisqu’une bonne partie des mesures se faisaient à vide avec une chauffe excessive de la résistance de la cigarette électronique.
La vapeur de cigarette électronique n’est pas toxique
La toxicité a été testé sur un certain type de cellule : les fibroblastes qui se trouvent en quantité importante dans les voies respiratoire. L’altération de leur prolifération et de leur migration serait la cause de l’emphysème pulmonaire liée à la consommation de tabac.
Le première série d’expérimentation avec le nouveau protocole qui portait sur 5 arômes est disponible en français dans ce document en ligne.
Les liquides utilisés avaient la composition suivante :
Propylène Glycol USP: 50%
Glycérine végétale USP: 40%
Nicotine USP: 0,9% (donc 0,9 mg/ml)
Et selon l’arôme :
Eau distillée: 5 à 10%
Arômes: 1 à 5%
Les tests de tous les arômes sont consultables sur le site dédié à Clearstream.
Au final sur 21 liquides aromatisés testés, 20 n’était absolument pas toxique. Seul un arôme montrait une légère cytotoxicité à la concentration maximale. Il s’agissait de l’arôme café. Mais même pour ce liquide les cellules survivantes était 795% plus nombreuses que si elles avaient été exposées à de la fumée de cigarette classique.
Un autre enseignement fondamental de cette étude est que les effets sur les cellules sont différents d’un arôme à l’autre. Flavour Art apporte une attention particulière à la sélectionner uniquement des arômes validés par l’autorité européenne de sécurité des aliments et à écarter également ceux dont l’inhalation une fois chauffés pose problème. Une étude récente menée par le Professeur Jean François Etter parue le 23 mai 2013 dans la revue Addiction montrait que contrairement à ce qu’on pouvait observer il y a quelques années, les taux de nicotine affichés sur les flacons correspondent au bon niveau de nicotine (test effectué sur 10 marques différentes). L’étude des Docteurs Farsalinos et Romagna suggère qu’il serait intéressant de faire des tests de toxicité sur un panel de marques et d’arômes pour s’assurer que le consommateur bénéficie des meilleure garantie en matière sanitaire.
Dans tous les cas, d’autres recherches devraient être menées pour confirmer l’innocuité de la cigarette électronique à court et moyen terme.
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Ça m’embête un peu ce genre d’étude, juge et partie… Objectivement, on ne l »accepterait pas si elle venait du secteur du tabac, et qui plus est, concluant à une non-toxicité, ce qui a d’ailleurs été fait pendant des années dans ce secteur !. Déontologiquement, on ne peux pas, dans aucun cas, accepter ses conclusions telles quelles à cause de ce biais majeur, il suffit, et vous le dites très bien d’ailleurs, de modifier le protocole pour modifier les résultats. Bref sans l’homologation de machine a vapoter normalisée, il n’y aura aucune étude valable, même si la bonne intention est la, ça ne change rien.
Une étude de cytotoxicité est elle aussi fiable qu’une étude nos proches cousins (grands singes voire souris) ? Il se pourrait bien que ce qui n’est pas toxique pour un milieu de culture cellulaire soit toxique sur un organisme. Où sont les tests sur nos plus proches cousins évolutifs ?