Arrêter de fumer : c‘est la volonté d’une très large majorité de fumeurs, dès lors qu’ils se rendent compte qu’ils sont devenus dépendants à la cigarette. Pour y parvenir, il existe diverses manières.
Il y a celles prescrites médicalement avec un dosage à suivre, comme les patches nicotinés.
Il y en a d’autres, qui ont fait leurs preuves, et permettent de conserver une certaine gestuelle, à l’instar de la cigarette électronique.
D’autres encore essaient d’arrêter de fumer des méthodes non conventionnelles, telles que l’hypnose ou l’acupuncture, avec plus ou moins de réussite.
En complément de toutes ces méthodes, des chercheurs américains viennent d’entrouvrir une nouvelle voie prometteuse, en s’appuyant sur une enzyme naturelle.
Une découverte majeure pour traiter l’addiction à la nicotine?
Pseudomonas putida : c’est ainsi que se nomme cette bactérie, qui existe depuis la nuit des temps, et qui a pour principale caractéristique de manger la nicotine, à l’instar du célèbre jeu Pac-man. On la trouve à l’état naturel proche des plantes de tabac, et elle se nourrit uniquement de nicotine, ce qui lui permet d’obtenir l’azote et le carbone dont elle a besoin. Selon un biologiste qui a étudié cette bactérie, le docteur Kim Janda du Scripps Research Institute (USA), cette bactérie se « promène et ronge la nicotine », ce qui, appliqué à un organisme humain, permettrait donc d’atténuer les effets addictifs de la principale substance qui rend dépendant à la cigarette.
Les résultats de cette recherche a été publiée au Journal of the American Chemical Society, il y a quelques jours.
Pour parvenir à ces résultats en apparence encourageants pour lutter contre l’addiction au tabac, l’équipe de biologistes californiens a étudié en détail cette enzyme.
Pour tester les capacités de cette bactérie, ils l’ont faite évoluer dans un environnement sanguin (un sérum de souris). Ce sérum a reçu une dose de nicotine équivalente à l’absorption d’une cigarette. Et là où normalement les effets sur le sang durent deux à trois heures jusqu’à parvenir à un taux T, la nicotinémie (taux de nicotine dans le sang) du sérum avec cette enzyme, a vu son niveau de nicotine revenir au taux T après seulement 9 à 15 minutes!
Les chercheurs ont aussi fait évoluer la bactérie durant plusieurs semaines à une température de 36,7°, pour vérifier son adaptation à la température humaine. Là aussi, les résultats sont très encourageants selon ces biologistes, avec aucune substance toxique rejetée par l’enzyme.
L’objectif serait, à terme, une injection de ces bactéries par un sérum (par seringue). Rien ne permet d’affirmer aujourd’hui qu’un traitement médical verra le jour par cette technique, toutefois Pseudomonas Putida possède les bonnes propriétés pour envisager une application thérapeutique. À terme, l’objectif serait de créer une nouvelle enzyme afin qu’elle grignote la nicotine sans conséquence autre que celle-ci, avant que la nicotine n’atteigne trop amplement le cerveau (c’est à ce moment que se déclenche le sevrage). C’est là que cette enzyme permettrait de réduire la dépendance chez les fumeurs.
Peut-on imaginer une utilisation de cette enzyme dans la cigarette électronique?
A priori, il n’y a pas de lien évident à établir entre cette enzyme et la cigarette électronique.
À court et moyen terme, comme acteurs de la lutte pour la diminution du tabagisme, nous nous réjouirons de cette découverte et de ces travaux biologiques, car tout ce qui peut aider les personnes à  quitter leur addiction au tabac et à la nicotine ne peut qu’être bénéfique, à plus d’un titre.
Toutefois, si les travaux sur cette enzyme laissent entrevoir de belles possibilités dans le champ thérapeutique, rien n’empêcherait d’imaginer la présence d’une telle bactérie non pas dans les e-liquides nicotinés, mais en complément, en injection sanguine parallèle. La vape serait-elle recommandée, déconseillée ou sans effet, en parallèle d’un tel traitement médical? Nul ne le sait.
Néanmoins, avant d’imaginer réduire sa dépendance tabagique et nicotinique grâce à une telle enzyme, il faut rappeler que, même si les tests actuels sont encourageants, les études en cours sont très loin d’être abouties, et aucun traitement de sevrage par cette méthode n’est actuellement à l’Å“uvre ou en projet avancé.