Cigarette électronique : état des lieux scientifique en 2014

État des lieux scientifique de la cigarette électronique en 2014

L’idée selon laquelle il n’y aurait actuellement pas d’études scientifiques sur la cigarette électronique est infondée. Les Docteurs Polosa et Farsalinos ont effectué une revue de littérature de tous les travaux sur le sujet.  Elle s’appuie sur plus de 100 études scientifiques. Vu la richesse de ce travail et le peu d’informations sur le sujet dans les médias il est capital de diffuser cette synthèse qui a été traduite en intégralité dans ce blog. Il est normal que le consommateur soit informé des dernières études sur l’impact de la ecigarette sur la santé. C’est également primordial pour tout professionnel sérieux de connaître les effets potentiels de ce qu’il commercialise. Espérons que les médias relaieront largement les conclusions de ces experts qui ont fait un travail à la fois exhaustif et synthétique remarquable. Espérons également qu’ils s’appuieront sur les études existantes qui sont listées ici pour étoffer l’annonce de telle ou telle nouvelle étude jugée « fracassante ». En science comme dans beaucoup de domaines, il y a parfois des résultats qui peuvent paraître contradictoires mais qui doivent être mis en regards, d’une part pour identifier pourquoi des différences sont observées, et d’autres part pour nuancer un discours et éviter de sombrer dans l’erreur ou la désinformation.

Il y a de nombreuses études scientifiques sur la cigarette électronique !

La revue de littérature sur laquelle s’appuie se billet a été publiée le 13 février 2014 dans la revue internationale Therapeutic Advances in Drug Safety. Elle peut être téléchargée (après inscription gratuite) : ici.

La synthèse traduite en français par thème d’intérêt est accessible en cliquant sur ces liens :

- Introduction et méthodologie (épisode 1),
Nicotine, cigarette électronique et dépendance (épisode 2),
Les études sur la composition chimique des produits (épisode 3),
Les études toxicologiques (épisode 4),
Les études cliniques et les enquêtes (épisode 5),
Tabagisme et vapotage passif (épisode 6),
Risques de la ecigarette : tabagisme des jeunes, intoxication à la nicotine, explosion (épisode 7),
- La cigarette électronique : positive pour certaines pathologies ? (épisode 8).

Ces analyses s’appuient sur plus de 100 études répertoriées. Pour information, une veille scientifique sur les études ayant un lien avec la cigarette électronique est assurée sur ce blog et consultable en suivant ce lien. Comme on peut le constater sur le graphique ci-dessous, il y a eu une explosion du nombre d’études en lien avec la cigarette électronique en 2013 (plus de 40).

Plus de 100 études en lien avec la cigarette électronique dont plus de 40 sur la seule année 2013 – Graphique réalisé par www;absolut-vapor.com.

Les point à retenir sur l’état scientifique de la cigarette électronique en 2014

Les points saillants de la synthèse des Docteurs Farsalinos et Polosa sont  :

  • La dépendance à la nicotine qu’induirait la cigarette électronique n’est pas problématique puisque le produit est consommé par des fumeurs ou anciens fumeurs déjà dépendants. De plus la ecigarette ne délivre pas la nicotine aussi rapidement et aussi « efficacement » que les cigarettes classiques.
  • La référence historique de 60 mg de la dose léthale de la nicotine a été récemment remise en cause. Après examen il s’est avéré qu’elle reposait sur des expérience douteuses. Une étude de 2013 la situe plutôt entre 500 et 1000 mg.
  • la nicotine est souvent diabolisée mais il semble qu’au delà de son intérêt pour arrêter de fumer, elle peut même avoir un impact positif pour plusieurs pathologies comme la colite ulcéreuse, la démence, la dépression et la maladie de Parkinson.
  • Les études sur la composition chimique indiquent que l’utilisation de la ecigarette expose le consommateur a des niveaux de produits chimiques toxiques beaucoup plus faible comparé à la cigarette classique. De plus la grande majorité des plus de 4000 produits chimiques de la fumée du tabac ne figurent pas dans le e-liquide ou la vapeur de e-liquide des cigarettes électroniques. Il faut tout de même poursuivre des recherches pour analyser objectivement les effets de l’inhalation des substances aromatisantes utilisés dans le e-liquide.
  • Les études toxicologiques ont mis en évidence que l’utilisation de la cigarette électronique avait significativement moins d’effets indésirables que le fait de fumer. Plusieurs études reposent sur un protocole qui ne correspond pas à la réalité de l’utilisation des vapoteurs (étude sur les liquides plutôt que sur la vapeur) et sont potentiellement moins favorables à la ecigarette. Il faudrait poursuivre d’autres études notamment sur d’autres familles de cellules (cellules épithéliales pulmonaires) et sur un grand nombre d’arômes différents.
  • Les études cliniques montrent des effets positifs de la cigarette électronique par rapport au tabac fumé sur des variables fonctionnelles respiratoires et cardiaques. Des études sur le long terme sont tout de même indispensables pour conclure.
  • Les données d’enquête font remonter certains effets néfastes de l’utilisation de la cigarette électronique (notamment des cas de gorge irritée et de toux sèche), nettement moins problématiques qu’avec l’utilisation des cigarettes classiques.
  • Même si les travaux sur le « vapotage passif » doivent être poursuivis, il est raisonnable de conclure que l’impact de la vapeur de ecigarette pour l’entourage du vapoteur est minime par rapport à la fumée du tabac.
  • Les accidents liés à la cigarette électronique (intoxication, brûlures…) sont très rares d’après les systèmes de surveillances de la FDA (Food and Drug Administration). Il est toutefois nécessaire d’éviter le contact avec les solutions hautement concentrées en nicotine. Dans tous les cas il n’y a aucune raison de traiter avec plus de sévérité les eliquides que les produits ménagers.
  • Comme les téléphones portables, les cigarettes électroniques sont composées d’une batterie au lithium qui peut provoquer des accidents. Des cas d’explosion ont été signalés mais sont très rares. A noter que la cigarette classique est responsable de 14% des incendies avec décès dans les bâtiments résidentiels alors qu’il n’y a pas de combustion avec la cigarette électronique.
  • Aucune étude scientifique ne montre que la ecigarette pourrait constituer une porte d’entrée vers le tabagisme.
  • Elle est très peu utilisée par les jeunes alors même qu’il n’y a actuellement aucune loi pour l’interdire aux mineurs dans la plupart des pays.

Conclusion des scientifiques ayant synthétisé les études scientifiques sur la ecigarette

Pour finir, voici la traduction de la conclusion que font les Docteurs Farsalinos et Polosa de leur revue de littérature :

Les Docteurs Polosa et Farsalinos

Les données actuelles indiquent que l’utilisation de la cigarette électronique est de loin une alternative moins nocive que l’utilisation du tabac fumé. Il n’y a ni tabac, ni combustion dans l’utilisation de la ecigarette. Ainsi les vapoteurs réguliers peuvent éviter plusieurs produits chimiques toxiques qui sont généralement présents dans la fumée de cigarettes classiques. En effet, même si certains produits chimiques toxiques sont libérés dans la vapeur de cigarette électronique, leurs niveaux sont nettement inférieurs par rapport à ceux de la fumée de tabac, et certains (tels que les niveaux de nitrosamines ) sont comparables à ceux que l’on trouve dans les produits nicotiniques pharmaceutiques.

Les enquêtes, les cas clinique ainsi que les études toxicologiques et d’analyse des composants chimiques ont souvent été mal interprétés par les autorités de santé et les organismes de réglementation du tabac, de sorte que les risques de conséquences néfastes de l’utilisation de la cigarette électronique ont largement été exagérés [ Polosa et Caponnetto, 2013]. Il est évident qu’un certain risque résiduel associé à l’utilisation de la cigarette électronique existe, mais il est probablement insignifiant par rapport aux conséquences dévastatrices du tabagisme. En outre, les e-cigarettes sont uniquement recommandées aux fumeurs ou aux anciens fumeurs, en tant que substitut aux cigarettes classiques ou pour prévenir les rechutes. Ainsi, les risques doivent être évalués par rapport aux risques de continuer de fumer et à la faible efficacité des médicaments actuellement approuvés pour le sevrage tabagique [ Moore et al. 2009; Rigotti et al. 2010; Yudkin et al. 2003 ].

Néanmoins, davantage de recherches sont nécessaires dans plusieurs domaines, tels que la conception et les matériaux des atomiseurs afin de réduire davantage la toxicité des émissions et améliorer la délivrance de la nicotine, les ingrédients des e-liquides pour déterminer le risque relatif de la variété des composés (principalement des arômes ) par inhalation.

Les lois doivent être mises en Å“uvre afin de maintenir la situation actuelle de faible pénétration de l’utilisation des cigarettes électroniques chez les non fumeurs et les jeunes, tandis que les fabricants devraient être contraints de fournir la preuve de la qualité des ingrédients utilisés et effectuer des tests sur l’efficacité et la sûreté de leurs produits. Cependant, les décisions sur la réglementation ne devraient pas compromettre la variabilité du choix pour les consommateurs et devraient s’assurer que les cigarettes électroniques soit plus facilement accessibles que leur principal concurrent, le tabac fumé. 

Les consommateurs méritent d’être informés des décisions ce qui va certainement être favorisé par la recherche. En particulier, les données actuelles sur l’évaluation de la sécurité et l’évaluation des risques des ecigarettes sont suffisantes pour éviter des mesures réglementaires restrictives, conséquences d’une application irrationnelle du principe de précaution [ Saitta et al. 2014 ].

La cigarette électronique est un produit révolutionnaire pour la réduction du tabagisme. Bien que les ecigarettes émettent de la vapeur, qui ressemble à de la fumée, il n’y a littéralement pas de feu ( combustion ) et pas de «feu» (suspicion ou preuve qu’elles puissent être la cause de maladie comme c’est le cas pour le tabac fumé). En raison de leurs caractéristiques uniques,les ecigarettes représentent une opportunité historique pour sauver des millions de vies et réduire de manière significative le fardeau des maladies liées au tabagisme dans le monde entier.

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Sylvain Filatriau


5 réflexions au sujet de « Cigarette électronique : état des lieux scientifique en 2014 »

  1. bravo pour cette mise au point.j’ai été moi même scandalisé par ces articles.l’ecigarette a été pour ma femme et moi, le seul moyen d’arrêter la cigarette après avoir tout essayé.

  2. Que dire ?

    1) Merci pour cet article.
    2) Espérer que l’industrie de la vape aille dans le bon sens et prouve qu’elle fait bien les choses.
    3) Enfin, signez EFVI (http://www.efvi.eu/index.fr.html#sign) pour garder la liberté de choisir sa manière de ne plus fumer la cigarette issue du tabac.

    A tous et toutes, bonne vape ;)

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